Au tournant du millénaire, la haute fidélité semblait avoir trouvé son équilibre. Les passionnés louaient les qualités du vinyle revenu en grâce, s’enthousiasmaient pour le compact disc, et alignaient les électroniques plus ou moins prestigieuses sur leurs étagères. Mais soudain, l’ère du MP3 a débarqué dans le quotidien, portée par l’explosion d’Internet et des ordinateurs personnels. Ce nouveau format, créé en 1993 par le Fraunhofer Institute, n’a réellement conquis le grand public qu’à la fin des années 1990, via des logiciels comme Winamp ou Napster.
Le succès du MP3 repose sur une idée simple mais révolutionnaire : compresser un fichier audio tout en préservant une “qualité acceptable”. Concrètement, avec un taux de compression standard à 128 kbps, le MP3 divise par dix la taille d’un morceau issu d’un CD audio. Résultat : une bibliothèque entière tient dans la poche, le partage de musique explose (souvent illégalement), et la portabilité devient la nouvelle norme.
- En 1999, Napster rassemble déjà près de 20 millions d’utilisateurs (Source : Wired, 2001).
- En 2003, Apple lance l’iTunes Store, légitimant le MP3 comme nouveau symbole d’accès à la musique.
- L’essor fulgurant des baladeurs numériques : le premier iPod, lancé en 2001, se vend à plus de 100 millions d’exemplaires en cinq ans (Source : Apple Inc.).
Pour l’univers Hi-Fi, la nouvelle donne fait l’effet d’un séisme. Les audiophiles observent la baisse de la qualité sonore, le règne de l’écoute « compressée », et la remise en cause des habitudes d’écoute. Le plaisir ritualisé du disque, de la galette ou du CD, semble céder sa place à la praticité et la rapidité d’accès. Les vendeurs spécialisés s'inquiètent, les fabriquants de platines CD commencent à décliner, les magasins de Hi-Fi tentent de s'adapter. Mais la réaction ne se fait pas attendre…